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petits paquets, et, jusqu’au château, demeura silencieuse et affairée.

Le premier coup du dîner sonnait. Bijou monta en courant chez elle, et, dix minutes après, elle entrait au salon toute pomponnée, dans une fraîche robe de chiffon feuille de rose, avec, à l’épaule, un gros paquet de roses pompon.

— Comment !… te voilà déjà !… — fit madame de Rueille avec admiration — je parie que ce lambin de Paul n’est pas prêt ?…

La marquise demanda :

— Tu as fait toutes tes commissions ?…

— Oui, grand’mère… et j’en ai une pour vous, de commission !… les Juzencourt m’ont chargée de vous dire que M. de Clagny revient habiter la Norinière… et qu’il y reviendra tous les ans…

— Oh !… — fit madame de Bracieux, l’air vraiment heureux ; — oh !… ça me fait une grande joie… je n’espérais pas le voir revenir jamais ici !…

Bijou demanda :

— Pourquoi ?…

— Parce que… il a eu dans ce pays un très gros chagrin… à un âge où les impressions pénibles ne s’effacent plus…

— Quel âge, ma tante ?… — dit Jean de Blaye, un peu narquois.

— Quarante-huit ans !… tu seras, à cet âge, moins blagueur qu’aujourd’hui, mon garçon !… et tu y arriveras plus vite que tu ne penses…

Il répondit en souriant :