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— Oh ! grand’mère… c’est vrai… qu’elle n’est pas jolie… elle est vieille et pauvre, la mère Rafut… et ça n’embellit pas, la vieillesse et la pauvreté !… mais elle m’est si commode !… et elle est si heureuse, elle que ses actrices paient très mal ou pas du tout, d’être ici bien payée, bien nourrie, et bien traitée…

Elle était debout derrière le fauteuil de madame de Bracieux. Elle ajouta, câline, en lui entourant le cou de ses jolis bras roses :

— C’est une charité, grand’mère !… et une charité que vous faites, non seulement à la mère Rafut, mais à moi…

La marquise répondit :

— Prends-la, ton affreuse bonne femme !… prends-la tant que tu voudras !…

— Alors, au revoir… à tantôt !…

— Comment vas-tu là-bas ? avec la Victoria ?

— Non… avec la charrette… j’irai plus vite avec la charrette, je vais en vingt-cinq minutes.

— Et tu vas conduire ?…

— Mais oui, grand’mère…

— Par ce soleil ?… tu auras une insolation !…

M. de Rueille proposa :

— Voulez-vous que je vous conduise, moi. Bijou ?… j’ai du tabac à acheter… et de la poudre… et deux cannes à pêche, pour remplacer celles que Pierrot a cassées… je serai bien aise d’aller en ville…

— Et moi enchantée que vous m’y conduisiez…

— Quand partons-nous ?…