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Allons ! parlons de la revue, de chiffons... de n’importe quoi... Ah !... à propos de chiffons, ta robe va-t -elle enfin ?...

— Elle va... mais elle me va mal !...

— Pas possible !...

— Très naturel, au contraire !... je n’ai pas ton teint, moi !... je suis plus pâle que toi... et ce rose me pâlit encore... et puis je suis presque maigre... alors, ce petit corsage froncé qui habille si coquettement ce que ton oncle appelle tes « rondeurs », me fait, moi, un peu trop planche... c’est d’ailleurs sans importance !...

— Comment, sans importance ?...

— Oui !... vois-tu, mon Bijou, qu’elle soit bien ou mal habDlée, la médiocrité que je suis passe toujours inaperçue à côté de la beauté que tu es...

Bijou dit, en levant les yeux au ciel, d’un air à moitié sérieux, à moitié blagueur :

— Tu es en train de divaguer complètement, ma pauvre chérie !...

Puis, changeant brusquement de ton :

— A quelle heure iras-tu aux courses demain ? ...

— Je ne sais pas... c’est papa qui a dû décider ça avec M. Spiegel... Ah !... dis donc ?... irez-vous de bonne heure au bal des TourviUe ?... je voudrais bien ne pas y arriver avant toi...

Denyse regarda sa montre :

— Il faut que je me sauve !... on veut, à la maison, des gardénias pour les boutonnières...