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pris que c’est à la suite d’une explication qu’elle a eue avec M. de Bernès...

— Quand ?...

— Hier après le théâtre... ou ce matin... papa et M. Spiegel ont parlé de ça à déjeuner, mais vaguement... à mots couverts...

— C’est affreusement triste !... et je comprends que tu aies été impressionnée...

— Oui, n’est-ce pas ?... d’autant plus que, pour l’instant, les chagrins d’amour me touchent beaucoup. ..

Elle ajouta, avec un sourire désolé :

— Et pour cause !...

Bijou dit, d’un ton de regret :

— Cette pauvre petite chanteuse !... moi, par goût, je n’aime pas beaucoup les femmes de théâtre... mais celle-là paraissait gentille et chantait vraiment bien !... c’est dommage !... et M. de Bernès doit être bien malheureux !...

Jeanne demanda, toujours sans regarder Denyse :

— Crois-tu que l’on soit si malheureux de faire souffrir ?... moi, je ne le pense pas !... les inconscients font souffrir sans le savoir... les autres font souffrir parce que ça les amuse... ni ceux-ci ni ceux-là ne doivent avoir de remords...

Comme elle restait pensive, le regard perdu. Bijou lui passa doucement la main devant les yeux : —

Ne pense plus à ces choses tristes, ma Jeanne ! ta peine ne changera rien à un fait accompli... et tu te fais inutilement du mal !...