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— Je vous remercie, mademoiselle, de votre bonté… je suis touché… très touché…

La rose, à chaque mouvement, basculait dans la ceinture trop lâche. Elle remuait drôlement, avec des petits ressauts ridicules, se détachant sur la soutane qui s’enroulait en vis au corps maigre de l’abbé.

Quand elle eut fleuri tout le monde, Bijou déclara :

— À présent, je vais arranger mes corbeilles !…

— Où ça ?… — demanda M. de Rueille.

— Mais à la salle à manger, au salon, dans le vestibule, ici, partout…

Plusieurs voix dirent :

— Nous allons vous aider !…

— Ah ! mais non !… au lieu de m’aider vous me dérangeriez beaucoup !…

Elle reprit sa corbeille et sortit, gaie et rose, dans l’envolement de ses jupes roses comme elle. Et quand elle eut disparu, un voile de tristesse s’étendit sur la grande pièce. Personne ne parlait plus. On n’entendait que le choc des billes et le bruissement des numéros que l’abbé agitait toujours régulièrement, apportant en cela comme en tout, de la méthode. À la fin, Henry de Bracieux dit :

— Grand’mère, vous ne devriez jamais permettre à Bijou de nous lâcher comme ça !… à Bracieux surtout, parce que, à Paris ça va encore !… mais ici, quand, elle nous lâche, nous sommes perdus !… c’est le rayon qui éclaire toute la maison !…