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tandis que, dans le petit salon voisin, le musicien installait le pupitre et tirait le violon de sa boîte.

A la vue de la jeune fille, ses yeux très bleus s’éclairèrent encore, devenant infiniment pâles dans son visage coloré. C’était un garçon de vingt-huit ans, très maigre, très gauche et assez misérablement vêtu, mais dont la physionomie intéressait par on ne savait quoi de tourmenté et de sympathique.

— Comme vous avez chaud, monsieur Sylvestre ! ... — dit Bijou qui lui tendit la main — et on ne vous a pas encore apporté à boire !...

Allant vers la porte de sa chambre, elle appela :

— Joséphine !... veux-tu dire qu’on apporte... quoi, au fait ?... qu’est-ce que vous prendrez, monsieur Sylvestre ?... de la bière, de la limonade, du vin, quoi ?... je ne me souviens jamais !...

— Si vous le voulez bien, de la limonade... mais vous êtes trop bonne, mademoiselle, de vous occuper ainsi de...

Denyse l’interrompit :

— J’ai oublié de rapporter de Pont -sur- Loire la musique que vous m’aviez dit de prendre !... vous allez me gronder...

Il répondit, d’un ton effaré :

— Oh !... mademoiselle, vous gronder !... moi !...

— Oui... vous !... si vous ne m.e grondez pas, vous avez tort !... voyons ?... qu’est-ce que nous jouons ?... Ah !... j’oubliais !... je vais vous demander de vous mettre d’abord au piano... et de