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Elle parlait un peu haut, un peu « dans la tête », peut-être, mais la voix était jeune et claire, et l’articulation d’une admirable netteté.

— Tu n’as pas vu Pierrot ?… — demanda la marquise.

— Pierrot ?… — fit Bijou qui sembla chercher dans son souvenir, — mais si, je l’ai vu !… il est même venu un instant m’aider à cueillir mes fleurs… et puis, il est allé rejoindre son père, qui est à tirer des lapins dans le petit bois…

— J’aurais dû m’en douter… il ne fait rien de rien, cet enfant-là !…

— Mais, grand’mère, il est en vacances !…

— En vacances, tant que tu voudras !… il n’en est pas moins vrai que si on lui a donné un répétiteur, c’est apparemment pour qu’il travaille…

— Mais il faut bien qu’il se repose de temps en temps, ce pauvre Pierrot !… et son répétiteur aussi !…

— Ils ne font que ça !… Enfin !… si mon frère le sait… et que ça lui convienne !…

— Ça lui convient aujourd’hui, toujours !… car c’est lui qui leur a dit d’aller le retrouver au bois…

— Qui « leur » a dit ?…

Et la vieille femme demanda, narquoisement :

— Ah !… il cueillait aussi des roses, le répétiteur ?…

— Oui… — fit Denyse, avec son beau sourire candide, sans remarquer l’intonation moqueuse de sa grand’mère, — il cueillait aussi des roses…