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tourèrent, heureux de la gaieté qui entrait avec elle dans la grande pièce, un peu vide avant sa venue.

Paul de Rueille, qui jouait au billard avec son beau-frère Henry de Bracieux, vint demander une rose de la corbeille, tandis qu’Henry, le suivant, en prenait une sans la demander. Les petits de Rueille, abandonnant l’abbé qui continuait à annoncer d’un ton monotone les numéros du loto, s’élancèrent d’une glissade vers la jeune fille, à laquelle ils s’accrochèrent tous deux. Leur mère les rappela :

— Mais laissez donc Bijou tranquille, mes enfants !… vous l’assommez !…

— Robert !… Marcel !… venez donc ici, — dit l’abbé qui se leva.

Bijou protesta :

— Mais non… laissez-les donc !… ils me font plaisir !…

Elle ôta de son cou la corbeille, et allait la poser sur le billard, lorsqu’elle s’arrêta soudain.

— Ah !… non !… il faut respecter les carambolages !…

Henry de Bracieux murmura, presque attendri :

— Est-elle gentille !… elle pense à tout !…

— Viens m’embrasser, Bijou !… — demanda la marquise.

Denyse venait de placer sa corbeille sur un divan. Elle y choisit une rose largement épanouie, et courut vers sa grand’mère, qu’elle embrassa plusieurs fois de suite, avec des câlineries d’enfant. Puis, offrant sa rose :

— C’est la plus belle !…