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— À l’amour tel que je le comprends ?… non !… tu es trop jolie, toi, vois-tu, trop fêtée, trop adorée, pour pouvoir, comme moi, isoler ton cœur dans une affection immense… et unique…

Bijou soupira et dit avec tristesse :

— Ça doit être si bon, pourtant, d’aimer comme ça !…

— Dame !… ça te serait facile !… ton cousin de Blaye t’adore !… oh !… ne proteste pas !… ça saute aux yeux !… je l’ai vu à l’instant…

— Tu rêves !… — fit Bijou, l’air abasourdi.

— Que non !… il t’aime, il t’aime à la folie… et il me semble très digne d’être aimé, celui-là !…

— Au lieu de dire des bêtises, achève-moi plutôt l’histoire de ton mariage… Nous disions que quand tu avais quitté Bordeaux, tu croyais que c’était fini ?… après ?…

— Après, il y a quinze jours, la chaire de philosophie s’est trouvée vacante… et papa a appris avec étonnement que M. Spiegel y était nommé… il m’a dit : « C’est une disgrâce… Pont-sur-Loire ne vaut pas Bordeaux… » et puis, pas du tout… ce n’était pas une disgrâce…

— C’est lui-même qui avait sollicité son changement ?…

— Juste !… et lundi dernier, il arrivait à la maison avec sa mère, qui me demandait à papa.

— Comment est-elle, sa mère ?…

— Très bien… encore belle… mais l’air très sévère… un peu dur…