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— Je ne vois pas très bien, — dit Bijou, — l’oncle Alexis s’entraînant à causer avec tes camarades !… Tout en parlant elle s’arrêta, indiquant quelque chose sous bois :

— Oh !… le beau sorbier !… est-il rouge !… comme c’est joli, ces grappes !…

— En veux-tu, du sorbier ?… — proposa Pierrot.

— Je veux bien !… il est si beau !…

Le gamin entra dans le taillis. On entendit craquer les branches qu’il brisait sur son passage, et, bientôt la tête rouge de l’arbre oscilla, balancée, s’abaissant et se relevant en de brusques secousses.

Bijou, la tête inclinée, le regard perdu, semblait rêver, oublieuse de ce qui se passait autour d’elle. La voix de Pierrot criant : « Faut-il en cueillir beaucoup ?… » la fit tressaillir.

Timidement, Giraud, qui caressait avec douceur l’épaule de Patatras, demanda :

— Vous n’avez aucun ennui, mademoiselle ?…

— Moi ?… mais non !… pourquoi ?…

— Parce que vous paraissez un peu différente de vous-même… un peu triste…

Elle dit, avec un sourire forcé :

— Triste ?… moi ?…

— Oui… tout à l’heure, quand vous avez passé devant nous sans nous voir, vous paraissiez triste, très triste… et maintenant encore…

— Tout à l’heure… c’est possible… oui… je n’étais pas gaie… mais à présent, je n’ai aucune raison de ne pas l’être… au contraire !… je me sens