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— Ah ! — fit-il avec regret, — si j’étais libre, moi !… comme j’irais avec toi !…

Elle se retourna sur sa selle, d’un mouvement souple qui indiquait que rien ne la serrait ni ne la gênait, et répondit en riant :

— Je ne te le dirais pas non plus !…

Dès que Bijou eut passé la grille, elle mit au galop Patatras, que les mouches ennuyaient. Elle allait dans l’air chaud, au-devant du soleil qui lui arrivait en face, couvrant de rayons brûlants son joli visage qui ne rougissait pas. Elle ne s’arrêta qu’à l’entrée du sentier qui menait aux Borderettes, descendant presque à pic et semé de pierres roulantes. Au fond de la petite vallée, très verte en dépit de la sécheresse, la ferme se dressait toute blanche, couronnée de briques, avec l’aspect d’un joujou très neuf.

Quand elle fut au bas du raidillon. Bijou tira de sa poche une petite glace, et arrangea son voile et les mèches folles qui voltigeaient autour de ses oreilles et de son cou. Elle cueillit dans la haie une touffe de fleurs de mûrier qu’elle mit à son corsage, chiffonna gentiment le mouchoir garni de valenciennes qui sortait de la petite poche de côté, et reprenant le galop, vint s’arrêter devant l’entrée de la ferme.

Une voix enrouée appela :

— C’est-y qu’vous êtes là, maît’ Lavenue ?…

Et un petit valet sortit de la maison en disant :

— Y n’m’entend point que j’crès !… j’vas l’querri…