Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il est donc aveugle, ce garçon !…

— Quel garçon ?…

— Ton abbé, parbleu !… il fait des réponses stupides !…

— Mais, grand’mère…

— Jamais, vois-tu, je ne croirai qu’un homme peut regarder Bijou trifouiller dans les fleurs, et ne pas trouver ça « une chose intéressante » !… jamais !…

— Un homme… oui… mais l’abbé n’est pas précisément un homme…

— Ah ! qu’est-ce donc, s’il te plaît ?…

— Dame… un prêtre n’est pas…

— C’est pas un homme pour faire des bêtises !… non !… du moins, j’aime à le croire !… mais ça a des yeux, un prêtre, quand le diable y serait !… tu m’accorderas bien que si ça n’a pas des yeux d’homme, ça a au moins des yeux de femme ?… lui permets-tu, à ton abbé, d’avoir des yeux de femme ?…

— Mais, grand’mère, je lui permets d’avoir les yeux qu’il voudra…

— C’est heureux !… Eh bien, une femme qui regarde Bijou s’aperçoit qu’elle est délicieuse à regarder… pourquoi un abbé ne s’en apercevrait-il pas ?…

— Vous ne l’aimez pas, ce pauvre abbé !…

— Oh ! moi, tu sais… je trouve que les prêtres, c’est fait pour les églises et pas pour les maisons !… cette réserve faite, j’aime ton abbé autant que les autres abbés !… je l’aime… négativement… je le respecte…