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BIJOU

— À Bijou, — dit l’enfant ; — elle est là… qui cueille des fleurs…

— Est-ce qu’il y a longtemps qu’elle est là ?…

Ce fut l’abbé qui répondit :

— Il y a dix minutes ou un quart d’heure, madame la marquise…

— Et vous trouvez que Bijou n’est pas une chose intéressante à regarder ?… — s’écria la vieille femme en riant — vous êtes difficile, monsieur l’abbé !…

L’abbé Courteil, très nouveau venu dans la maison, et incroyablement timide, rougit de son rabat à la racine de ses cheveux d’un blond pâle, et balbutia, effaré :

— Mon Dieu, madame la marquise… je croyais qu’en demandant s’il se passait sur la terrasse quelque chose d’intéressant… vous vouliez dire quelque chose de… d’extraordinaire… et je ne pensais pas que la présence de mademoiselle Bij… de mademoiselle Denyse, veux- je dire… qui tous les jours, à cette heure, cueille à cette place des fleurs pour ses corbeilles… pût être considérée comme…

La phrase se termina de façon inintelligible, tandis que l’abbé, l’air éperdu, continuait à remuer les numéros dans un sac.

— Ce pauvre abbé !… — dit très bas Bertrade de Rueille, — vous l’ahurissez, grand’mère !…

— Mais non !… mais non !… je ne l’ahuris pas !… tu exagères, ma petite !...

Et après une minute de réflexion, madame de Bracieux reprit :