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fants… va les chercher !… tu permets, Bertrade ?… et vous aussi, monsieur l’abbé ?…

M. de Clagny eut un mouvement de contrariété en se voyant séparé de Denyse. Il ne pouvait déjà plus, lui semblait-il, se passer d’elle.

Elle revint très vite, suivie de Marcel et de Robert, et tenant par la main un superbe bébé de quatre ans, qui souriait aimable et confiant. Elle le présenta, toute fière de lui.

— Voilà mon filleul ! il est délicieux, n’est-ce pas ?… et beau !… et bon !… un amour !…

— Elle est tellement gentille pour cet enfant, — dit madame de Rueille, — elle s’en occupe sans cesse… c’est elle qui lui apprend à lire…

— Déjà !… — fit M. de Clagny, d’un ton de reproche, — on lui apprend déjà à lire ?…

— Bijou lui apprend bien d’autres choses !… n’est-ce pas. Bijou ? — demanda la marquise, — tu lui apprends aussi l’histoire sainte, à ton élève ?… il y a deux jours, il m’a raconté Moïse… il le savait très bien…

— Ah ! par exemple !… — fit le comte, narquois, je voudrais voir ça !… malheureux mioche, va !…

Gracieuse et tendre. Bijou s’agenouilla devant le bébé. En entendant parler de raconter « son histoire », le pauvre moutard tourna vers elle un visage suppliant. Elle dit :

— Raconte, Fred !…

Docile, l’air grognon, le petit leva les yeux sur sa marraine.

— Raconte Moïse !… tu le sais très bien !…