Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
BIJOU
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

La marquise demanda :

— Est-ce qu’il attend quelqu’un ?…

M. de Rueille expliqua en riant :

— Non !… mais un fiacre… même un fiacre de Pont-sur-Loire, lui rappellerait Paris !… c’est une taquinerie de Bertrade…

Jean murmura, sans bouger :

— Oh !… je ne tiens pas tant que ça à me rappeler Paris !…

Madame de Rueille le considéra avec étonnement, et, se tournant vers sa grand’mère :

— On dirait presque qu’il est sincère ?…

— Sincère, mais absorbé !… — fit la marquise. Et, s’adressant à un jeune abbé qui jouait au loto avec les petits de Rueille, elle demanda :

— Monsieur l’abbé, dites-nous donc s’il se passe sur la terrasse quelque chose d’intéressant ?…

L’abbé, assis le dos à la grande baie, regarda derrière lui par-dessus son épaule, et répondit aussitôt :

— Je ne vois pas la moindre chose intéressante, madame la marquise…

— Pas la moindre… — affirma Jean.

Et, quittant la fenêtre, il vint s’asseoir sur un divan. Un des petits de Rueille, négligeant ses cartons de loto, et laissant l’abbé répéter les numéros avec une inaltérable patience, s’était juché sur une chaise, et, grimaçant, semblait faire par la fenêtre, des signaux à quelqu’un.

La grand’mère intriguée demanda :

— À qui donc, petit Marcel, fais-tu ces horribles grimaces ?…