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Il insiste sur le danger que courrait la société s’il restait quelques droits aux particuliers.

« Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance, sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout. Afin que le pacte social ne soit pas un vain mot, il renferme tacitement cet engagement qui peut seul donner la force aux autres : que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose, sinon qu’on le forcera d’être libre ! »

On ? Qui, on ? Ce n’est personne. Où a eu lieu et par qui l’abandon de ces « certains droits » pour mieux s’assurer des autres, et qui pourrait dire quels sont ces autres[1] ? Et à qui, entre les mains de qui, cet homme impersonnel a-t-il abandonné « ses droits » ?

Où, quand des hommes, jusque-là complètement isolés, se sont-ils réunis, ont-ils pu causer, se comprendre et rédiger le contrat dans lequel ils ont fait cette aliénation solennelle ?

Cela, c’est le roman qui a fait couler tant de flots d’encre et de sang. La vérité, elle nous est livrée par les colonies animales que nous pouvons observer et par les dernières populations des types primitifs. Ce sont les besoins qui agglomèrent, entre eux, hommes, femmes, petits. La terre est commune : l’individualisation de la propriété commence par les objets mo-

  1. Paul Lacombe. Mes Droits.