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coup plus de bocks et de discours que de charbon.

Transformer toutes les industries en services publics : tel est le plan qu’ils ont tracé dans leurs divers Congrès et qu’ils poursuivent avec une persévérance que n’ébranle aucun échec.

En 1888, les deux groupes socialistes du Conseil municipal de Paris, les possibilistes broussistes, et les socialistes révolutionnaires, à la suite de M. Vaillant, proposèrent de rétablir la taxe du pain, avec un service d’inspection pour en assurer la bonne qualité ; d’établir des services municipaux d’achats de denrées alimentaires sur les lieux de production et des bazars de vente au prix de revient[1].

Ce beau projet fut repoussé. Mais nous voyons les municipalités de Roubaix, de Saint-Denis, de Montluçon, faire des efforts, contrariés, malheureusement pour elles et heureusement pour les habitants de ces communes, par la législation, essayer d’en mettre en pratique, tantôt une partie, tantôt une autre.

Le Congrès socialiste de Marseille de 1892 et les socialistes suisses dans leur programme électoral de 1893, ont demandé le monopole par l’État du commerce des produits alimentaires. M. Jaurès annonce qu’il va déposer une proposition de loi d’après laquelle l’importation des blés étrangers ne se fera que par l’État qui les revendra « à un cours constant et raisonnable de 20 fr. par hectolitre ». Et, ô honte ! on se voit réduit à l’obligation de discuter ces idées !

  1. Voir un lumineux rapport de Léon Donnat sur ces propositions. Conseil municipal de Paris, 1888, no 102.