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frais de culture n'atteignent par 200 francs. Voilà donc de l’argent placé à 500 %[1].

Avant l’irrigation, étais-je légitime propriétaire et après, ne le suis-je plus ? Je ne suis donc légitime propriétaire qu’à la condition de mourir de faim sur ma propriété. Pour ne pas courir le risque de me la voir confisquer, je devrais donc avoir soin de la laisser en friche.

Prenons des chiffres abstraits. La thèse de M. Jaurès et des autres collectivistes illogiques arrive à faire poser les questions suivantes :

La propriété d’une unité est-elle légitime ?

Et la propriété de deux ?

Et la propriété de trois ?

Et la propriété de quatre ?

Et la propriété de cinq ?

Et la propriété de dix ?

Et la propriété de cent ?

À quel chiffre arrêtez-vous la légitimité de la propriété ? Selon le bon plaisir et l’arbitraire de qui ?

Mais si la propriété d’une unité constitue un acte légitime et la propriété de dix un acte illégitime, cela revient à dire qu’une action juste devient coupable parce qu’elle est répétée.

Une fois accepté le principe de la légitimité de la petite propriété, comment le repousser pour la grande ?

Oserez-vous déclarer que la richesse rend la propriété illégitime et qu’il faut être misérable pour avoir droit à la propriété ?

  1. D’après M. Chambrelent. V. le Siècle du 18 novembre 1893.