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lutisme, Napoléon incarnait la France ; et quand ses officiers et ses soldats se faisaient tuer sur les champs de bataille, en criant : Vive l’empereur ! il y avait autre chose dans leur dévouement que la conquête de « l’assiette au beurre ».

L’établissement du cens sous la Restauration et le gouvernement de Juillet eut le grand inconvénient de faire une caste de gouvernants, de séparer la nation en deux : le pays légal et le pays extralégal. Dire que le pays légal, que les Chambres de la Restauration et de Louis-Philippe n’ont gouverné qu’à leur profit, c’est commettre une exagération ; mais il est évident que, ne fût-ce que par leur politique protectionniste, par la part prépondérante qu’ils ont donnée aux contributions indirectes dans notre fiscalité, par leur résistance à l’adjonction des capacités, ils ont autorisé de croire qu’ils représentaient, non les intérêts généraux de la nation, mais les intérêts d’une classe, la classe des grands propriétaires et des gros industriels.

Les hommes de 1848 poursuivirent un idéal de justice mystique, mais très élevé. Ni Lamartine ni Ledru-Rollin n’auraient compris la locution politique dont il est question ici.

Même dans leurs erreurs, ce qu’ils poursuivaient, c’était plus de justice. Ils n’en excluaient personne. Leurs paroles portaient la paix. Ils avaient des effusions d’amour pour tous, sans exception. Les communistes eux-mêmes, les plus farouches adversaires de la propriété, les socialistes, les partageux, Louis Blanc au Luxembourg, déclaraient qu’ils voulaient le bonheur universel, et ils n’en excluaient même pas les propriétaires qu’ils voulaient dépouiller.