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II. La propriété, c’est le vol. — Proudhon s’est écrié un jour : « la propriété est le vol. » Cette antinomie a fait scandale. Depuis, les socialistes la répètent sous des formes différentes ; et pour la prouver, que font-ils ? ils invoquent l’autorité de Ricardo que vous avez déjà vu invoquer par Lassalle pour établir « la loi d’airain des salaires. »

La théorie de Ricardo sur la rente est basée sur une naïveté. Il suppose que l’homme se trouve en présence de terres fertiles qu’il n’a qu’à occuper pour qu’elles lui rapportent. Le premier occupant choisit les terres les plus fertiles, en homme avisé. Le second prend les terres moins fertiles. Le troisième des terres encore moins fertiles, le quatrième, le cinquième, etc., des terres de moins en moins fertiles, qui exigent toutes plus de frais et rendent moins que les terres occupées les premières. La rente est la différence de produit existant entre les terres les plus fertiles et les terres le moins fertiles.

Mais qu’est-ce que ce premier propriétaire qui n’a eu qu’à choisir, lui, pour assurer indéfiniment à sa lignée une rente qui devient d’autant plus forte que, les générations s’accumulant, elles sont obligées d’avoir recours aux terres les moins fertiles ! C’est un spoliateur ! « La propriété, c’est le vol. »

Mais où est-il donc ce premier occupant aussi difficile à trouver que le premier propriétaire inventé par Rousseau ? Et où est donc sa lignée spoliatrice qui a dû se perpétuer quelque part sur la surface du globe et qui doit avoir la plus haute des rentes ? Ricardo, avec des habitudes de formules à priori et