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une vérité indiscutable, c’est « la loi d’airain des salaires », et les mêmes demandent l’abrogation de la loi de l’offre et de la demande.

Si Lassalle s’était donné la peine d’observer les faits, il n’aurait pas lancé cette « loi d’airain », mais pour des agitateurs de sa nature, la vérité longuement et péniblement acquise par l’observation patiente n’est rien. Ce qu’il faut, ce sont des mots retentissants et pompeux qui étonnent les foules et les agglutinent.


I. — En France, Proudhon a eu recours aux mêmes procédés, pour se donner la joie de faire retourner les badauds en lançant des pétards sous leurs pieds. Comme correcteur d’imprimerie, il avait eu à lire les Pères de l’Église : et toutes ses conceptions en ont gardé l’empreinte. Il prenait, pour point de départ de son grand ouvrage les Contradictions économiques, formant deux gros volumes de raisonnements, d’images et d’éloquence, cette question posée par J. B. Say : « La richesse d’un pays étant composée de la valeur des choses possédées, comment se peut-il qu’une nation soit d’autant plus riche que les choses y sont à plus bas prix ? » Alors Proudhon s’écriait : « Je somme tout économiste sérieux de me dire par quelle cause la valeur décroît à mesure que la production augmente. En termes techniques, la valeur utile et la valeur échangeable sont en raison inverse l’une de l’autre… cette contradiction est nécessaire. » Donc plus les peuples travaillent pour s’enrichir, plus ils deviennent pauvres, et il donnait comme sous-titre à son livre : Philosophie de la misère.

Proudhon était parti de cet à priori : ôtez l’échange,