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prix de revient ; donc tu fermes les débouchés de ton produit : et par conséquent, tu supprimes du travail pour toi et tes camarades. Ta malice consiste à te fermer au nez la porte de l’atelier, de l’usine et de la manufacture. Ce n’est pas plus pour son agrément que pour le tien que l’industriel produit des objets pour l’usage des autres et non pour le sien. S’il organise une machine à produire, c’est parce qu’il espère bien qu’il aura une machine à vendre supérieure ; et tu veux supprimer cette dernière en augmentant le prix de revient de la marchandise que tu fais. Si tu ne veux pas que la marchandise sorte, alors pourquoi entrerais-tu dans l’atelier ? qu’y ferais-tu ?

Non seulement tu te mets ainsi dans cette situation mauvaise comme producteur, mais tu te mets aussi dans une situation mauvaise comme consommateur. Vraiment, tu as une singulière manière de manifester tes sentiments démocratiques, en voulant faire de la cherté. Qui frappe-t-elle donc ? sinon tes frères les travailleurs, et leurs femmes et leurs enfants, puisqu’avec la même somme, ils pourront se procurer moins d’objets. Tu commences par prouver ta fraternité à leur égard en réclamant la gêne pour eux, mais tes camarades te témoignent les mêmes sentiments altruistes, en demandant que tu subisses également les effets de cette politique économique. Vraiment tes docteurs et toi, vous avez une étrange façon de comprendre tes intérêts.

Dans cette politique, tu es frappé sur la joue droite comme producteur, et sur la joue gauche comme consommateur. Si tu dis : Amen, cela ne prouvera pas la douceur de ton caractère, mais ta capacité de crédulité.