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l’outil ; or, la valeur de l’homme est en raison de la puissance de l’outil.

Si les gens qui prétendent que les machines sont une cause d’abaissement des salaires avaient raison, les salaires devraient être plus bas dans notre siècle qu’au siècle dernier.

Quand l’emploi d’une machine vient, à un moment donné, déplacer la main-d’œuvre, il peut, en effet, y avoir une crise locale. Mais cette crise ne sera que temporaire. C’est la crise de toute croissance, de toute transformation ; c’est l’effort qui s’attache à toute lutte. Il n’y a pas de progrès sans déplacement d’intérêts : c’est la conséquence, aussi bien au point de vue du capital qu’à celui du travail, de toutes les évolutions économiques qui peuvent se produire dans l’humanité.

Lorsqu’une machine s’introduit dans une industrie, elle peut provoquer une dépression partielle et enlever à des ouvriers le travail auquel ils étaient habitués, les forcer à chercher ailleurs leurs moyens d’existence ; c’est ainsi qu’un nouveau produit tue un produit ancien, comme les couleurs dérivées de la houille se sont substituées à la garance. Ce que nous devons considérer en retour, c’est l’augmentation de l’utilité générale.

Examinons la question au point de vue des salaires.

Un manœuvre, qui traîne une brouette, va, avec cette brouette, déplacer dans sa journée quelques mètres cubes de terre. Forcément, son salaire ne peut prélever sur l’ensemble de son travail qu’une somme extrêmement minime relativement au nombre de mètres cubes qu’il déplace.