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d’Angleterre, des États-Unis feront de nouveau appel à ses produits.

Comment les socialistes qui font de « la loi d’airain des salaires », un article de foi, ne se sont-ils pas demandé si elle existe, pourquoi tous les salaires, dans un même milieu, ne sont-ils pas égaux entre tous les travailleurs ? Le prix du pain et de la viande, pour un ouvrier typographe, n’est pas plus élevé que pour un manœuvre ; pour un mineur que pour un laboureur ; pour un ciseleur que pour un terrassier. Comment donc, si « la loi d’airain » est vraie, ont-ils des salaires inégaux ? Et si vous y croyez, socialistes de la Bourse du travail, comment se fait-il donc que vous acceptez les distinctions établies dans la Série de la ville de Paris et, au lieu de demander un taux uniforme et égale pour tous, admettez-vous que le servant du maçon ait un salaire inférieur au ravaleur ? Dans les mines, en 1890, le piqueur gagnait 5 fr. 04, l’ouvrier d’état 4 fr. 41, le manœuvre au fond 3 fr. 58 et à l’extérieur 3 fr. 21 ? Le Congrès de Tours a beau demander l’égalité des salaires : qu’il la fasse donc accepter par le ravaleur ou par le piqueur !

« La loi d’airain des salaires » n’a jamais été qu’une métaphore. Pourquoi « d’airain ? » pourquoi pas de bronze ? pourquoi pas « d’acier » ? Elle serait plus inflexible. Serait-ce parce qu’Hésiode[1] a fait la race d’airain, violente et farouche. Ô puissance de la métaphore qui prouve combien les socialistes ont l’esprit classique, dans l’acception que donnait Taine à ce terme, et sont prêts à se payer de mots ! Ils croient

  1. Les travaux et les jours.