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portée des besoins qu’il pourrait satisfaire, il ne pourra pas donner de salaires, ni au-dessus ni au-dessous du prix des subsistances à des travailleurs, par cette bonne raison qu’il ne pourra pas produire et, par conséquent, qu’il n’emploiera personne.

Si l’employeur produit des objets très demandés, et qui ne pourront être faits que par un nombre de travailleurs limités, les travailleurs pourront exiger une rémunération très élevée.

Certains économistes avaient imaginé « un fond des salaires, » une somme disponible dans la société pour la rémunération des travailleurs : il n’en est rien. Les salaires ne dépendent pas du capital que peuvent posséder les employeurs. Ce capital ne manquerait pas d’être vite absorbé et dévoré, s’il devait faire face aux salaires.

Les salaires sont payés par le client de l’industriel, par l’acheteur de blé ou d’avoine pour l’agriculteur, de fer ou d’acier, pour le métallurgiste, de coton ou de laine, pour le manufacturier en étoffes. Le producteur ne fait que l’avance du salaire comme il ne fait que l’avance de l’impôt. Celui qui paye en dernier ressort, c’est le consommateur : et le salaire varie d’après ses besoins et non d’après la volonté de l’employeur.

Que les dentelles de Calais cessent de plaire aux dames qui en font usage, et les salaires des ouvriers denteliers tombent à zéro ; qu’elles leur plaisent, ils ont des appointements de chefs de bureau.

Que la mode abandonne les soieries, les salaires de l’ouvrier lyonnais, si habile qu’il soit, tomberont, et ne remonteront que lorsque les dames de France,