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Le socialiste. — Ce n’est pas la même chose, je ne livre pas un objet.

L’économiste. — Non, mais tu rends un service. Le chemin de fer qui te transporte d’un endroit à un autre ne te livre pas un objet non plus, mais il te rend un service. Le médecin qui te soigne, l’avocat qui plaide pour toi, perçoivent un salaire parce qu’ils te rendent un service. Tu loues ta force, musculaire ou intellectuelle, moyennant une rémunération. C’est le louage de force et d’habileté professionnelle que nous appelons le contrat de travail. C’est une marchandise comme une autre qui subit, comme tous les objets ou services qui font l’objet de contrats et d’obligations, la loi de l’offre et de la demande.

Le socialiste. — Quand tu me répéterais cela sur tous les tons, tu ne me convertiras pas, puisque je te dis que je ne l’admets pas.

L’économiste. — Et si je te prouve que tu es le premier, non seulement à reconnaître que le travail est une marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande, mais encore à exiger, quelquefois même par la violence, que tous le reconnaissent ?

Le socialiste. — Ce serait difficile.

L’économiste. — Tu veux supprimer le travail des femmes, supprimer les apprentis ou au moins en restreindre le nombre, renvoyer au delà de la frontière les ouvriers étrangers, n’est-ce pas ?

Le socialiste. — Oui.

L’économiste. — Chacune de ces propositions est un hommage à la loi de l’offre et de la demande : car chacune d’elles a pour objet de diminuer l’offre du travail et, par conséquent, d’en faire augmenter le prix.