Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espèce de Nirvanâ social, qu’ils montrent comme suprême but de l’humanité.

À propos du discours prononcé le 18 avril 1872 au Havre par Gambetta, dans lequel il disait : « Croyez qu’il n’y a pas de remède social, parce qu’il n’y a pas une question sociale, » M. Louis Blanc affirmait qu’il y avait une Question Sociale. Je lui répondis dans deux articles du Radical[1] dont je citerai le passage suivant :


Oui, M. Louis Blanc est un utopiste parce qu’il croit que les rapports complexes des choses peuvent être enfermés dans des formules simples. Il applique en science sociale la méthode subjective ; il pose un a priori et de là il déduit, sans songer que la première chose à démontrer, c’est la justesse du point de départ.

M. Louis Blanc est prêtre sous ce rapport. Il croit au miracle social, il croit au pontificat politique ; il est de l’école de Rousseau, de cette école de gouvernement qui, à la monarchie de droit divin, substitue une théocratie sociale…

Quand M. Louis Blanc déclare que la République n’est pas un but, mais un moyen, il n’entend pas, comme nous, que la République est un moyen d’agrandir les forces de l’individu en supprimant ses entraves ; il entend, au contraire, s’il a le pouvoir, saisir l’individu, le soumettre à sa volonté, l’enfermer dans son système a priori ; et de ce gouvernement, il en fait un moteur universel, absorbant l’individu dans son activité, « un régulateur suprême de la

  1. 25 et 29 avril 1872.