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errant du désert de Gobi, le Fuégien de la Terre de feu, le Touareg du Sahara, les nègres de l’Afrique centrale et les Papous de la Nouvelle-Guinée ; et ils auraient leur part dans la distribution « du produit général du travail. »

Si le socialiste prétend que le lui fais dire des absurdités, je lui réponds que je ne les lui prête pas, mais que je les lui emprunte et que l’interprétation logique de son texte est bien celle que je viens de donner.

Soit, j’accepte que l’ambition des socialistes de Gotha soit plus modeste et qu’ils aient mis le mot « société » seulement par hypocrisie pour ne pas se servir du mot « État ». Mais je leur pose cette question : qu’est-ce que « la société » dont vous parlez ? Votre société est-elle l’expression géographique et politique désignant un groupe d’êtres humains dont le nombre et la situation sur la mappemonde ont été déterminés par les hasards des guerres ? L’Allemagne est-elle une société homogène dans votre conception collectiviste, malgré les traditions particularistes de ses provinces ? Allez-vous constituer une seule société collectiviste en Autriche, avec ses Allemands, ses Hongrois, ses Tchèques, ses Polonais ? Le Danemark constitue-t-il une société collectiviste ? et la Russie dans l’étendue de ses frontières, du détroit de Behring à la Baltique, doit-elle se charger « d’imposer à chacun de ses 113 millions d’habitants la tâche à faire » et de lui donner ensuite « la part nécessaire à la satisfaction de ses besoins raisonnables ? »

Ce problème, que les socialistes de Gotha et d’Erfurt