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Il se fige, lui et ses enfants, dans une caste. Il prend la résignation pour but : travailler le moins possible, gagner un salaire « avantageux », mais forcément restreint. Il brise lui-même le ressort de toute activité, et nous en avons un exemple dans les mines du Pas-de-Calais et du Nord où on ne trouve plus de porions. Par peur de l’initiative et de la responsabilité, l’ouvrier préfère rester dans le rang des camarades.

Les socialistes répètent volontiers, comme un cliché, une formule de M. Victor Modeste : « Les pauvres deviennent plus pauvres. » Mais comment M. Victor Modeste l’avait-il établie ? En constatant sur les registres de l’Assistance publique que c’étaient toujours les mêmes familles qui s’y trouvaient. Certes voilà un argument décisif contre le socialisme : car il prouve que les secours donnés à ces gens, au lieu de les aider à se développer et à s’élever dans la vie, en avaient fait une corporation de mendiants ; et il en sera de même de toute mesure qui, en ayant pour objet d’atténuer ou de supprimer la lutte pour l’existence, diminuera l’effort de l’homme.

Par analogie, la biologie nous montre que toute espèce végétale ou animale protégée contre la concurrence, contre les difficultés de l’existence, est condamnée à s’étioler et à périr. Darwin a constaté dans les îles de l’Océanie combien la flore et la faune étaient pauvres et limitées : et pourquoi ? Parce qu’elles sont isolées, c’est-à-dire protégées. Ce n’est que par l’effort que les organismes, qu’il s’agisse des plantes, des animaux ou des hommes, peuvent se développer : et l’expérience universelle des choses et des siècles nous permet de dire :