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doxal de ranger un tel contrat parmi ceux qui favorisent l’autonomie de l’individu ; cependant, rien n’est plus exact ; si le mineur ne louait pas ses services, il chômerait et mourrait ; en louant ses services, il échange le risque de la mort à bref délai par la faim contre le risque d’une mort à plus long terme… Donc ce que fait le mineur en se louant favorise l’autonomie du mineur. »

On peut ajouter qu’il est libre de louer ou de ne pas louer ses services ; de chercher une autre occupation, etc. Mais l’important, c’est de bien spécifier que dans le contrat de louage, l’ouvrier n’aliène qu’une chose : son travail, et que sa personnalité en dehors de ce service reste tout entière intacte.

Chez les peuples primitifs, dans les maquignonnages des foires, encore dans les marchés de détail, aux halles, on entend vendeurs et acheteurs se dire : — « Faites ça pour moi ! Je vais vous le donner à tel prix, parce que c’est vous. » La personnalité est mêlée à l’acte de vente et au marchandage. Mais ces habitudes disparaissent au fur et à mesure du développement du commerce. Les vendeurs de blé d’Odessa, de San-Francisco ou de Chicago ne connaissent point personnellement leurs acheteurs de Londres, d’Anvers, de Paris ou de Marseille. Ce n’est point la sympathie ou l’antipathie pour tel ou tel qui fixe les cours d’achat et de vente et la Bourse du commerce. Il serait mal venu l’acheteur qui viendrait dire à un vendeur : — Je suis animé des meilleurs sentiments pour vous, je vous regarde d’un air paternel. Par conséquent, ayez de la reconnaissance pour moi et prouvez-le-moi, en me vendant au rabais.