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cette illégalité devenait un devoir. Ils avaient célébré le 1er mai. Ils fermaient la Bourse du travail le 28 mai, et ils allaient solennellement rendre hommage aux morts de la Commune.

La Bourse du travail se ramifie avec les Bourses de Lyon, de Saint-Étienne, Marseille, Bordeaux, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Cholet, Toulon, Calais, Cours (Rhône), Troyes. Pour cette fédération, les questions de travail sont au second plan et l’action révolutionnaire au premier. De même qu’il était facile de voir l’embryon de la Commune dans le Comité central, il est aisé d’apercevoir dans cette organisation la préparation de la guerre sociale.

Le personnel des Bourses du travail n’est formé, du reste, que par la minorité agitée qui a le moins le droit de parler au nom des travailleurs. Les syndicats s’y multiplient à cause des jetons de présence de leurs représentants ; mais il y a des syndicats qui ne se composent que d’un état-major : les soldats sont absents. D’après l’Annuaire du ministère du Commerce, il y aurait eu l’année dernière à la Bourse du travail 172 syndicats représentant 58.000 adhérents, moins de 7,34 pour 100 de la population ouvrière estimée à Paris à 790.000 personnes. D’après une enquête faite par M. G. Hartmann, en 1890, le nombre des ouvriers, payant régulièrement leur cotisation, ne dépasserait pas 5 à 6.000. Ayant relevé, à la Bourse du travail, les chiffres de 19 syndicats, il a trouvé 1.740 adhérents pour des professions représentant 40.570 ouvriers, soit 4,29 pour 100[1].

  1. Voir une série d’articles sur les Bourses du travail de M. Léon Ducret, dans le Siècle du 12 novembre 1892 et suiv.