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pas aux grévistes. Elles hurlaient la Carmagnole, proféraient des menaces et avaient pour but d’empêcher toute tentative de reprise du travail. Au 10 octobre, M. Loubet, le président du Conseil, s’aperçoit que ces patrouilleurs ne représentent peut-être pas l’ordre et le préfet fait afficher un arrêté pour interdire « sur la voie publique de Carmaux, Blage, Rosières et Saint-Benoît, toutes manifestations, tous attroupements et rassemblements, réunions ou formations de groupes de nature à faire naître des conflits ou à entraver la circulation. » Y avait-il donc besoin d’un arrêté ? et les manifestations, attroupements, etc., étaient-ils donc autorisés sur tous les autres points du territoire français, sauf les territoires des communes citées ? Et pourquoi cette interdiction, après cinquante-cinq jours de faiblesse, pour ne pas dire de connivence, pendant lesquels le ministre de l’Intérieur laissait, sans un seul démenti, publier des notes, des récits d’entrevues avec certains députés, dans lesquels il était affirmé « qu’il interviendrait en faveur des mineurs. » Et cet arrêté pris, fut-il appliqué ? M. Baudin cessa-t-il ses promenades ? Est-ce que les maires des communes désignées n’y répondirent pas par des injures et des outrages ? Le ministre de l’Intérieur compléta sa politique de faiblesse et d’incohérence en acceptant l’arbitrage ; et ceux qui l’avaient sommé de l’accepter et à qui il avait subordonné toute sa politique pendant deux mois déchirèrent la sentence ! C’était un châtiment mérité ; car M. Loubet aurait dû savoir qu’un ministre doit non pas intervenir dans le conflit d’intérêts particuliers, mais maintenir l’ordre public par le respect de la loi.