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Le délégué. — Un bourgeois ! c’est celui qui est établi, qui fait travailler. Le salarié, voilà le Quatrième État.

Le déterministe. — Mais un Limousin qui vient à Paris, en été, faire son métier de maçon et retourne passer l’hiver dans la Creuse ou dans la Haute-Vienne où il est propriétaire, fait-il partie du quatrième État ?

Le délégué. — (après un moment d’hésitation). — À Paris, oui. Dans son pays, c’est un bourgeois. Ici, nous voulons qu’il soit avec nous. Là-bas, non.

Le déterministe. — Cette distinction prouverait que le Quatrième État n’a pas une frontière bien délimitée.

Le délégué. — Ce n’est pas tout cela. Sont socialistes ceux qui veulent « abroger » la loi de l’offre et de la demande, la loi d’airain des salaires, ceux qui veulent la reprise aux exploiteurs des moyens de production au profit des exploités, la suppression du salariat, la socialisation du sol et de l’outillage industriel.

Le déterministe. — Je reconnais ces formules et ces phrases. Nos socialistes et communistes de 1848, depuis Louis Blanc jusqu’à Cabet, les reconnaîtraient comme les petites-filles de leurs idées, mais déformées, engoncées, enflées, alourdies, par le mâtinage germanique. Elles sont la trame des programmes des congrès de Gotha (1873) et d’Erfurt (1891). Elles remontent en deçà de 1848, tout au moins, en tant que conceptions ; et vous vous prétendez avancés !

Le délégué. — Oui, et vous, économiste bourgeois, suppôt du capital, stipendié de la haute Ban-