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veillance de la haute police pendant cinq ans ; tel l’article 1781 du Code civil d’après lequel le maître était cru sur parole pour la quotité des gages et pour leur payement ; tel le livret ouvrier.

Oui, c’étaient là des « lois ouvrières », contenant des dispositions d’inégalité et d’oppression à l’égard des ouvriers ; et la loi de 1864 qui modifia l’article 416 en donnant la liberté de coalition spontanée, sans plan concerté, fut une loi illogique et incomplète, mais n’en fut pas moins progressive ; nous avons donné et continuons de donner ce caractère à la loi du 21 mars 1884 dont le premier article s’est définitivement substitué à l’article 416. Nous considérons aussi comme progressive la loi du 2 avril 1868 qui a abrogé l’article 1781 du Code civil et la loi de 1883 qui a supprimé l’obligation du livret ouvrier.

Mais pourquoi les considérons-nous comme telles, sinon parce qu’elles ont donné à l’ouvrier des libertés qu’il n’avait pas, lui ont reconnu une égalité dont il avait été frustré ? Si, avec moi, vous admettez que ces lois sont progressives, expliquez-moi donc par quels motifs vous attribuez le même caractère à des lois de privilège et d’inégalité, à des lois de contrainte et de police ? Vous me dites que cette contrainte, ces dispositions de police, ces privilèges, ces inégalités seront établies au profit des ouvriers ; mais alors vous faites donc des ouvriers une caste à part ? Vous donnez une existence légale au Quatrième État ? De votre propre aveu, l’égalité devant la loi, la liberté ne sont plus que de naïves et vaines inscriptions qui devraient être biffées de la façade de nos monuments. Bien. Mais alors, qu’est-ce que la loi ? un instrument de privilège