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la responsabilité de ce jour de congé qui constitue le vagabondage obligatoire pour ces petits garçons.

La loi aboutit à des conséquences absurdes du genre de celle-ci. Le chef de la clicherie d’un journal à grand tirage de Paris avait son fils avec lui. La loi est intervenue. Il a dû renvoyer son fils. Cependant si au lieu de travailler, dans une grande imprimerie, il avait travaillé chez lui, lui eût-il été interdit d’avoir son fils comme collaborateur et de lui apprendre un métier ? Le jeune homme était très fort et vigoureux. La loi le condamne à l’oisiveté. C’est cette mise à la porte de l’enfant ou de la jeune fille mineure à laquelle n’a pas songé le législateur. Au lendemain de la promulgation de la loi, la maison Lebaudy renvoya quarante-quatre casseuses de sucre, parce qu’elles étaient trop jeunes. MM. Millerand, Baudin et Dumay annoncèrent qu’ils interpelleraient, mais ils n’osèrent soutenir cette thèse qu’un patron devait garder des enfants et des filles mineurs malgré lui. Le sort matériel et moral de ces jeunes-filles est-il amélioré ? Dans tous les métiers où la présence de l’enfant n’est pas indispensable, beaucoup de patrons se dispenseront de le prendre : mais alors où fera-t-il son apprentissage ? Il sera à la charge de ses parents, il représentera une diminution de salaires pour eux ; est-ce là la prime que certains interventionnistes promettent pour le développement de la population ?

La protection se change en oppression. À force d’avoir voulu entourer de garanties le travail de l’enfant, vous courez le risque de le priver de travail, ce qui est bien plus grave que les inconvénients des abus que vous vouliez prévenir. Prenez garde de retrou-