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de méthode déductive, ne s’est point posé cette question ; les socialistes qui se font une massue de sa loi pour assommer les propriétaires, se gardent bien également de la poser, pas plus qu’ils ne veulent ouvrir leur fenêtre pour voir ce qui passe à la portée de leurs yeux. Autrement ils s’apercevraient qu’en supposant que la terre est fertile pour l’homme, ils en sont encore à la vieille théorie des causes finales, d’après laquelle le soleil est fait pour éclairer l’homme et la mer pour porter des bateaux. En réalité, la terre est fertile pour elle-même : et plus elle est fertile, plus elle est encombrée d’arbres, de broussailles, d’une végétation dont il faut d’abord que l’homme la débarrasse avant de lui faire rapporter une récolte pour lui-même. L’histoire de la colonisation des États-Unis atteste cette vérité : les premiers colons ont d’abord fondé la colonie de Plymouth sur le sol stérile du Massachussetts : ils ont suivi les sommets des collines, et aujourd’hui encore, ils n’ont pu soumettre à la culture les fertiles terrains de la basse Virginie et de la Caroline du Nord dont le Marais Terrible forme une partie, parce qu’ils en sont repoussés par les dangers et les dépenses de la mise en culture. Est-ce que le Hollandais qui a conquis ses polders sur la mer, a commencé par s’installer tranquillement sur le terrain le plus fertile ? Si tant de faits, à la portée de l’observation de chacun, démentent la loi de Ricardo, le propriétaire cesse d’être un spoliateur. La terre est un capital dont il loue l’usage comme il loue l’usage de tout autre capital. Il n’a donc droit qu’aux anathèmes que les socialistes adressent à tous les capitalistes ; mais il n’a point