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une faculté de droit ou de médecine ; qu’un ouvrier puisse enseigner sa profession comme il l’entend, librement, dans des cours publics ; que tout homme qui a une voix puisse la faire entendre : alors l’enseignement fera des progrès ; alors nous irons en avant et nous ne resterons pas sans cesse enfoncés dans ce cloaque fétide de l’ignorance d’où nous ne pouvons sortir.

Mais quelle garantie présenteront tous ces hommes ? disent les timides avec effroi. Celle du public ; c’est la seule vraie.

Comment donc se peut-il qu’en France, dans une nation qui a des prétentions à marcher à la tête de la civilisation, on soit forcé de demander de l’instruction, et que cette nation soit régie par un gouvernement qui la donne d’une main si parcimonieuse ?

Qu’il se rappelle ces paroles de Channing :

« Une cité où les hommes seraient élevés de manière à être dignes de leur nom serait la métropole de l’univers. »

Qu’il médite les paroles de M. Leneveux :

« La société doit agir de façon qu’une seule de ses forces vives ne puisse se perdre. »

Si l’État, par sa propre initiative, ne fait pas tous ses efforts pour en arriver là, ou s’il ne laisse pas toute liberté aux particuliers pour accomplir ce qu’il se déclare impuissant à faire, il commet un crime de lèse-humanité.

IV

Maintenant, entrons dans quelques autres considérations. Quels moyens peut trouver l’adulte pour travailler, pour apprendre ? nul laboratoire, nul atelier n’est mis à sa disposition. Une Société, celle du crédit au travail, s’est fondée sous la protection du Prince impérial ; son but est louable. Mais n’y a-t-il donc que le travail manuel ? Et si un chimiste est pauvre, où trouvera-t-il les réactifs, les cornues,