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M. Baudrillart disait avec raison :

« Si les moyens de l’instruction primaire existent en France, quoique imparfaits, les éléments même de l’enseignement industriel y font presque partout défaut. »

Il faut créer cet enseignement, et modifier profondément tous les autres. Formons une ligue de l’enseignement comme celle qui vient de s’organiser en Belgique et en Hollande, et, comme elle, demandons la révision des lois qui s’opposent à la diffusion de l’instruction, et favorisons de toutes nos forces l’établissement d’écoles et de bibliothèques.

Mais l’État répond qu’il fait tout ce qu’il peut, qu’il est obéré, qu’il a des dettes et qu’il ne peut augmenter le budget de l’instruction publique. Pitoyables objections auxquelles le bon sens ne peut se rendre. On ose objecter la dépense, quand nous avons un budget de 2 milliards ! On ose objecter la dépense, quand le budget de l’instruction publique est de cinquante-trois fois moins fort que celui de la guerre !

Alors, si dans ces 2 milliards l’État ne peut trouver que 20,000 millions pour former des hommes ; s’il a sans cesse de l’argent pour faire toutes les dépenses improductives, et celles qui lui ont été léguées par ses prédécesseurs, et celles qu’il a innovées ou augmentées, et s’il ne peut trouver de l’argent pour créer la plus puissante richesse qu’il y ait au monde ; si, pour l’instruction primaire il ne peut donner que 6,843,100 fr., tandis que l’Angleterre, qui a 27,000,000 d’habitants, donne 25 millions ; que la Belgique, qui a 4,500,000 habitants, donne 3 millions ; que l’État de New-York, qui compte 3,851,563 habitants, donne 15,500,000 f., qu’il abandonne ses prérogatives : et puisqu’il reconnaît son impuissance, qu’il laisse faire à la liberté ce qu’il ne peut accomplir lui-même.

Qu’il donne la liberté d’enseignement complète, comme elle existe en Amérique et même en Allemagne ; qu’un avocat sans clients, un médecin sans malades, puisse élever