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Il faut donc changer cet état de choses. Il y a urgence. Il faut que l’ouvrier puisse employer toutes ses forces, dépenser toute son énergie et sortir du bourbier dans lequel il est plongé. Ici comme partout, il y aura double avantage : avantage pour l’individu, avantage pour la société.

Maintenant, comment parvenir à ce résultat ? Par l’enseignement professionnel.

Comment doit-on le diriger ? On doit mettre les enfants tardivement en apprentissage ; remplacer le premier apprentissage par des écoles professionnelles où l’enfant, après avoir essayé divers métiers, choisira celui qui conviendra le mieux à ses aptitudes, à son tempérament et à ses goûts.

Généralement, on commence à comprendre l’importance de cet enseignement. Tout le monde s’en préoccupe activement. Mais il faut dire que nous sommes encore bien en arrière sous ce rapport. Si quelques tentatives ont déjà été faites à Lyon, à Mulhouse, etc., cet enseignement est bien loin d’avoir chez nous l’importance qu’il a en Allemagne. Il faut donc se hâter de le répandre. Comme il n’entre pas dans le plan de cet ouvrage de faire une étude complète sur l’instruction publique en France, je me borne à ces considérations.

M. Sax a eu une idée fort originale : celle de faire une école d’inventeurs. Cette idée me paraît fausse. On n’apprend pas plus à inventer qu’à écrire ; jamais école ne formera des Shakspeare ou des Papin.

Ce qu’on doit demander, c’est que tous les moyens d’apprendre soient mis à la disposition de ceux qui veulent s’instruire. J’aime mieux l’idée d’un marchand de Boston, qui proposait de faire un musée pour les inventions et découvertes. Si nous n’avions du génie envers et contre tous, nous nous traînerions en arrière de tous les peuples. Voyez, à côté de nous, à quels magnifiques résultats arrive l’Angleterre ; son école de South-Kensington seule a produit en dix ans cent mille élèves.