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regarde pas à tout cela. Certains métiers sédentaires ne conviennent pas non plus à certains tempéraments qui ont besoin de mouvement et d’exercice. Qu’importent toutes ces considérations ?

Le hasard décide. L’enfant est conduit par son père chez un patron qui lui impose des conditions ruineuses. Il devra travailler pendant quatre ans sans recevoir nul salaire et donner au contraire une certaine somme.

Lisez, dans l’ouvrage sur l’enseignement professionnel de M. Corbon, l’histoire de l’apprentissage que souffre, c’est le mot propre, chaque enfant.

Pour le jeune ouvrier, mêmes tortures que pour le lycéen.

D’abord les ouvriers, qui voient en lui un concurrent futur, se gardent bien de lui faire part de toutes les connaissances qu’ils ont et qui pourraient lui être utiles. Il est employé le plus souvent à balayer l’atelier et à faire des commissions. Quelquefois il est le très-humble domestique de madame sa patronne.

L’enfant est dégoûté, découragé. Il voit avec indifférence son métier qu’il n’apprend pas. Rousseau nous a dit, dans ses Confessions, l’influence qu’avait eue sur lui l’apprentissage ; quoiqu’il eût déjà une certaine éducation, il fut corrompu et abruti par lui. La tyrannie de son maître lui rendit insupportable le travail, pour lequel cependant il avait du goût, et lui donna des vices, tels que le mensonge, la fainéantise et le vol.

Dans cette position, l’enfant ne fait rien : il a, au bout de quatre ans d’apprentissage, une instruction professionnelle, mauvaise, incomplète, qu’il eût pu acquérir dans une année.

Le maître lui donne alors le certificat de capacité qui est nécessaire à l’obtention du livret ; et le voilà lancé dans le monde.

La première chose qu’il doit faire est d’apprendre son métier.