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De même, après avoir résolu d’opérer la condensation hors du cylindre, toutes les autres améliorations lui vinrent immédiatement à l’esprit ; et deux jours après, il avait tout le plan de sa machine arrangé dans la tête.

N’espérons donc pas que l’enseignement supérieur, tel qu’il existe maintenant, puisse nous donner des inventeurs ; espérons davantage dans l’enseignement professionnel.

Là est l’avenir : c’est dans cet enseignement pratique que l’on doit trouver les hommes qui sont appelés à perfectionner les inventions déjà existantes et à en faire de nouvelles.

Mais que de choses à faire pour qu’il devienne ce qu’il doit être : maintenant il est remplacé par l’apprentissage. Or quel est le sort de l’apprenti ?

D’abord, le plus souvent, il embrasse tel métier plutôt que tel autre sans savoir pourquoi. Ici pas plus que dans l’enseignement secondaire, il ne connaît sa vocation. Les parents ne sont pas plus éclairés que lui à ce sujet. Ils lui font rarement embrasser le métier qu’ils exercent, parce qu’ils en connaissent tous les inconvénients. — Pourquoi cet autre métier ? Ils ne sont déterminés à le choisir que « sur des rapports mensongers ou intéressés, dit M. Leneveux. Pendant que la femme du voisin ou de l’ami, qu’un grain de vanité chatouille, affirme que son mari gagne « ses six francs par jour », et que les parents, alléchés, inclinent à donner à leurs enfants un état aussi productif, le mari, qui voit dans l’enfant à placer un futur concurrent, jure ses grands dieux que son métier ne procure pas de l’eau à boire, et qu’avant peu il sera obligé d’en changer, s’il est jeune, ou d’aller mourir à l’hôpital. »

Sur ces belles données on se décide, sans tenir nul compte de la vocation, des aptitudes, du tempérament de l’enfant. Aussi, tel qui aurait fait un très-bon mécanicien ne sera qu’un mauvais jardinier. Mais cela ne fait rien. Le père ne