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cité, c’est un ancien apprenti dans une fabrique de chandelles, devenu ouvrier imprimeur, séparé par deux mille lieues des centres scientifiques, dépourvu d’instruments et de ressources pécuniaires, sans conseil, sans guide, un ignorant en science s’il en fut jamais : Franklin, en un mot !

Romas, qui a fait avant lui ces magnifiques expériences sur l’électricité contenue dans l’air, n’était pas non plus un savant : c’était un simple juge assesseur au présidial de Nérac.

Savery, Newcomen, Cawley, n’étaient que des ouvriers, un mineur, un serrurier, un vitrier. Thomas Grey avait ce dernier état.

Senefelder n’était qu’un pauvre auteur et artiste dramatique ayant, paraît-il, plus de bonne volonté que de talent.

Qu’était Stephenson ? un ouvrier.

Chappe, l’inventeur du télégraphe, était un pauvre prêtre.

C’est un dentiste fort ignorant qui a trouvé l’éthérisation.

Qu’était Fulton ? Né de pauvres émigrés irlandais , ayant appris à lire et à écrire dans une petite école de village, apprenti de là chez un joaillier, Fulton fut depuis peintre, et peintre de talent, puisqu’à dix-sept ans il vivait du produit de son travail, et était envoyé par MM. Scorbitt et Franklin en Angleterre, chez Benjamin West, qui devint son protecteur et son ami. Cependant il renonça à cet art, s’adonna à la mécanique, et pour se perfectionner dans les procédés industriels il passa deux ans à Birmingham. Revenu à Londres, après avoir reçu les idées de Tumsey, il les abandonna pour quelque temps, et se lança dans l’exécution d’une foule de projets mécaniques.

Il est bien facile de comprendre pourquoi les savants n’inventent pas : il y a certainement une part pour la science dans toute invention , mais il y a encore une bien plus grande part pour l’inspiration.

Papin, par exemple, n’a fait ses inventions que par jets. Elles ont jailli de son cerveau comme des éclairs. Il n’a