Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

existera, l’inventeur pourra rapidement divulguer son invention. Il pourra aller de ville en ville faire appel aux souscriptions, comme quelques-uns l’ont déjà fait ; il pourra aller exposer sa découverte partout où il y aura une chaire pour parler, un public pour l’entendre. Ce fut ainsi que Franklin, en Amérique, rendit populaires ses expériences sur l’électricité et put trouver des ressources pour en poursuivre de nouvelles. Car cette liberté de parole est le plus puissant moyen de divulgation qui existe : et c’est elle seule qui manque, tous à l’envi la demandent et n’attendent qu’elle ; que demain l’autorisation soit donnée à tous de se faire entendre, et tous les hommes actifs, tous ceux qui savent, répandront des connaissances de tout ordre et de tout genre aussi bien dans le fond de nos campagnes que dans nos villes. Il n’y aura pas un médecin de village qui n’apprendra l’hygiène aux paysans et pas un vétérinaire qui ne leur enseignera les principes de zootechnie dont ils ne se doutent pas.

Après les Facultés des sciences viennent les Facultés de médecine. Rien de plus étroit encore que leur organisation, rien de plus aristocratique que l’esprit qui les régit. N’est pas médecin qui veut. Il faut être très-riche pour obtenir un diplôme de docteur. Il faut pouvoir vivre pendant plusieurs années à Paris ; il faut payer des examens qui sont d’un prix très-élevé.

De plus, on a trouvé bon d’obliger les médecins à passer un double examen de baccalauréat, baccalauréat ès lettres et baccalauréat ès sciences, sous prétexte que « le médecin doit être lettré afin de ne pas être inférieur à son client ». Cette nouvelle obligation, combinée avec la difficulté, bien plus, l’impossibilité de vivre à Paris avec peu d’argent, a fait diminuer de près d’un tiers le nombre des étudiants en médecine, aspirant au doctorat. De deux mille sept cents qu’ils étaient en 1835, ils sont tombés à quinze cents ou dix-huit cents.