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nant, comme un étang. Que faut-il pour que ce résultat arrive ? Bien peu de chose : il faut que l’État s’efface et donne à chacun le droit de tout dire ; il faut qu’il reconnaisse le droit le plus sacré, le plus inné dans l’homme : la liberté absolue de la parole. Alors, quand ce droit sera reconnu, tout cet enseignement des Facultés aujourd’hui si raide, si guindé, si pédant, fait tout entier par des hommes de second ordre, sera grand, large et puissant, fait par des hommes de premier mérite : à l’enseignement officiel succédera l’enseignement individuel.

Que le gouvernement donne la liberté d’association et la liberté de parole, qu’il ne fasse plus traîner pendant deux ou trois mois la moindre autorisation de Société scientifique, qu’il n’arrête pas sans cesse les chercheurs, et alors aura lieu cette puissante émancipation intellectuelle dont la libre Amérique nous donne maintenant un si magnifique exemple. En effet, la liberté d’association obtenue, la décentralisation s’opère avec rapidité. Si le siège d’un grand nombre d’associations, du plus grand nombre même, est à Paris, elles auront cependant de nombreuses ramifications en province. Racines et branches, couvrant toute la France, viendront se réunir au tronc. Il y aura une unité vraie, et non plus une unité factice comme celle qui existe en ce moment ; l’uniformité n’est pas l’universalité ; à l’enseignement uniforme succédera l’enseignement universel.

Les travailleurs provinciaux trouveront de sérieux et de précieux encouragements. Les associations mettront à leur disposition les moyens de réaliser leurs conceptions ou de poursuivre leurs études, et leur donneront des secours et des encouragements efficaces. Les intelligences subiront alors ce frottement si nécessaire pour les électriser, et qui n’existera, ne pourra jamais exister tant qu’un enseignement officiel comprimera toutes les tentatives novatrices et ne donnera que des secours insuffisants aux chercheurs.

Enfin, du moment que la liberté d’association et de parole