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du droit, de la médecine. Toutes les études vivent de liberté. »

Laissons de côté les lettres et le droit, qui ne touchent pas directement à notre sujet. Commençons par l’enseignement des sciences.

Et d’abord, quelle est la protection que lui donne l’État ? Pour juger cette protection, lisez la préface dont M. Dujardin, professeur à la Faculté des sciences de Rennes, faisait précéder son Histoire des helminthes, et vous verrez que, pendant tout le temps qu’a duré ce travail, privé de tout secours, obligé de se livrer seul à des travaux qui eussent nécessité des préparateurs, il n’a trouvé nul encouragement.

Et puis, à quoi servent la plupart des cours qui y ont lieu ? Il y a un cours de mathématiques pures : le plus souvent, le professeur ne le fait que pour son appariteur. Le cours de physique obtient, en général, un assez grand nombre d’auditeurs ; mais quels sont ces auditeurs ? Des vieux soldats retraités qui trouvent là des expériences qui les amusent, du feu et de la lumière ; des dames, faisant plus ou moins les bas-bleus, qui n’écoutent pas un mot des démonstrations, mais qui s’intéressent extrêmement, sans y rien comprendre, au ludion et aux phénomènes électriques que produit l’appareil Rumkorf. — Nulle sympathie entre le professeur et ses auditeurs : il ne les connaît pas de nom, pas plus à Paris qu’en province. Fourcroy ne pourrait plus maintenant découvrir, parmi ses élèves, le garçon apothicaire qui devint Vauquelin.

Est-ce pour ce résultat que l’État entretient des laboratoires et paye ces professeurs ? Son ambition est alors modeste. Si ses prétentions sont plus hautes, et il serait de toute justice qu’elles le fussent, alors il doit changer complètement l’esprit qui préside à l’organisation de ces Facultés.

Mais comment le changer ? Quel est le vice fondamental de ces établissements ?