Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fants. Les aimons-nous ? oui, sans doute… et cependant « nous les tuons. »

« Les vocations artistiques ne seraient plus vouées à tant de souffrances et de luttes, puisque des écoles spéciales leur seraient ouvertes et les moyens de se perfectionner mis à leur portée.

« Les aptitudes industrielles diverses trouveraient, à leur tour, des écoles professionnelles où l’instruction scientifique se combinerait avec l’apprentissage des métiers.

« Le temps de la jeunesse ne serait plus gaspillé comme il l’est aujourd’hui ; l’industriel et le négociant ne regretteraient pas d’avoir perdu de longues années à apprendre ce dont ils n’avaient nullement besoin et à ignorer ce qui leur aurait été si utile. »

M. Emile de Girardin veut, de son côté, que l’instruction commune se borne aux limites suivantes : lecture, écriture, orthographe, géographie, calcul, dessin linéaire, comptabilité. Voilà le tronc : ce que chacun doit savoir; au delà, chacun pourra apprendre ce qu’il voudra, selon ses aptitudes.

« Instruction universelle , dit-il, n’est pas ici une expression employée pour dire : la même instruction donnée à tous. Loin de là ! Telle que je l’entends, instruction universelle signifie instruction nécessaire, et rien de plus ; conséquemment instruction graduée et variée selon le niveau et la diversité des aptitudes. Certes, ce n’est pas moi qui voudrais prendre pour exemple cette instruction uniforme que l’Université exige sous le nom de baccalauréat ès lettres et baccalauréat ès sciences, véritable lit de Procuste dans lequel elle mesure indistinctement les mémoires les plus inégales, étend impitoyablement les aptitudes les plus diverses. Un tel enseignement est le pire de tous les communismes, la pire de toutes les promiscuités, car c’est le communisme et la promiscuité des intelligences. Aussi, quels n’en sont pas les tristes résultats au double point de vue de la société et