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de rhubarbe à deux hommes d’un tempérament différent.

La scission qui avait lieu au sortir de la quatrième était mauvaise, parce qu’elle était insuffisante ; mais elle était un acheminement à diversifier les études. Déjà on avait créé des cours spéciaux pour la marine et pour le commerce. On pouvait espérer que le ministère de l’instruction publique suivrait cette tendance, qu’il irait en restreignant de cadre du baccalauréat qui était beaucoup trop vaste.

Mais M. Duruy est venu rétablir un baccalauréat unique. N’est-ce donc pas rétrograder complètement et ne doit-on pas s’élever contre cette réforme, comme contre toutes les tendances rétrogrades ?

Si avec la scission, à partir de la classe de troisième, le baccalauréat était rempli de tous les inconvénients que j’ai montrés plus haut, s’il ne développait que la mémoire des mots sans rien apprendre, s’il ne donnait que de la surface sans donner aucune profondeur, s’il laissait au bout de dix ans de collège les jeunes gens complètement nus, s’il n’était qu’un exercice mnémotechnique dont le cerveau ne gardait nulle trace, nulle impression durable, nul germe qui pût fructifier, que sera-ce donc maintenant, quand il n’y aura plus qu’un baccalauréat qui augmentera encore les vices du système ?

Il faut donc réagir contre cette tendance déplorable ; il faut demander qu’on multiplie les études spéciales, qu’on diminue les études générales, si l’on veut empêcher la jeunesse de perdre ses plus belles années au collège sans nul profit, si l’on veut avoir des hommes forts et vigoureux qui augmenteront la puissance et la gloire de la France.

Tous les penseurs sont unanimes pour demander un remaniement de notre système d’éducation.

Le grec et le latin sont de vieux préjugés qu’il faut secouer. Lisez l’excellente critique qu’Edmond About en a faite dans le Progrès, lui qui est un homme d’esprit en dépit du prix de philosophie qu’il a gagné au concours.

Il est vrai que M. Duruy a fondé, ou du moins encouragé