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des dates sans savoir un mot d'histoire, se servir de termes scientifiques sans en connaître la valeur, parler de philosophie sans y rien comprendre, et formuler hardiment des jugements d'après le Manuel Lefranc ?

Veut-on obtenir de petits pédants, qui parlent de tout, se mêlent de tout, connaissent tout ? Et c'est là un des caractères des bacheliers. Ils ont un amour-propre immense, infini ; comme en deux mois, ils ont appris l'histoire universelle, la logique, la physique, la géométrie, etc., dans le Manuel Lefranc, ils se figurent posséder la science universelle.

Aussi dit-on : l'outrecuidance d'un bachelier, comme : la pédanterie d'un professeur.

Et il faut de sévères leçons pour les faire rentrer un peu en eux-mêmes et leur montrer la nullité de leur savoir. Et cependant ce ne sont pas eux qui devraient les recevoir, car ils ne sont pas responsables de l'esprit qu'on leur a donné ; la punition devrait frapper le professeur qui les a gonflés et bouffis comme de petits ballons.

Il faut bien les presser un peu pour faire sortir la bêtise et l'orgueil qu'ils ont amassés.

Tel est le beau résultat qu'obtient notre éducation universitaire.

Il n'est pas nécessaire de prouver qu'il est mauvais. Vous ne pouvez m'accuser de charger les faits que je viens d'exposer, vous ne pouvez nier que les examens ne se passent ainsi. Que ceux qui douteraient de la réalité de ce que j'avance interrogent tous les professeurs, et ils en recevront la confirmation. Qu'ils interrogent les jeunes gens qui viennent de passer les Fourches Caudines avec le plus de succès, ceux que l'on appelle de « bons sujets », et ils verront qu'ils n'ont rien gardé de leur examen, qu'ils ne savent rien.

Cela pourra les étonner, et cependant ce fait n'a rien d'étonnant.