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c’est-à-dire des hommes qui luttent contre le progrès et la civilisation moderne, qui viennent donner ces définitions, que des gouvernements prétendus civilisateurs ne veulent pas admettre.

Je viens de vanter le rapport de M. Duruy sur l’instruction primaire ; mais je ne partage pas la même admiration pour les réformes qu’il a faites dans l’éducation secondaire, et j’ai été profondément étonné que la plupart des journaux s’accordassent à les louer : car ces réformes, au lieu d’être progressives, d’essayer de s’accorder avec le mouvement actuel, de vouloir faire mieux qu’autrefois, nous ramènent en arrière.

En effet, qu’a voulu faire M. Duruy ? augmenter le cadre du baccalauréat et supprimer graduellement la scission des études.

Eh bien ! le cadre du baccalauréat n’est-il pas déjà trop vaste ? Voyez ce qu’en dit M. Dupanloup dans son ouvrage sur l’éducation, et lisez l’éloquent passage dans lequel il le flétrit.

Savez-vous ce qu’est le baccalauréat ? C’est un examen de perroquets, excellent pour les jeunes gens doués de peu d’intelligence et doués d’une grande mémoire, d’une grande facilité, comme disent les parents et les professeurs. C’est une pure affaire de mnémotechnie, où la palme appartient à celui qui sait le plus de mots et connaît le moins de choses.

Le baccalauréat n’est pas destiné, comme on pourrait le croire, à peser le bagage de connaissances qu’a pu acquérir un jeune homme ; pas le moins du monde : des bacheliers excellents qui ont passé leur examen avec le plus grand succès, qui ont reçu les félicitations de l’Université, dont le nom même a été publié par les journaux, ne savent rien.

Toute leur science est une vessie : si on la presse, elle s’évanouit.

Ce sont des jeunes gens à brillantes facettes. Ils ont été bien taillés par leurs professeurs, bien polis par dix ans de