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12 ouvriers sur 100 ne sachant ni lire ni écrire ; tandis que, dans la Vendée, 44 jeunes gens sur 100, dans le Morbihan 53, dans les Côtes-du-Nord 56, dans le Finistère 60, sont absolument privés d’instruction. Et nous prétendons être le peuple le plus éclairé de la terre !

Il faut donc, et le plus vite possible et par les moyens les plus énergiques, changer complètement le système actuel de l’instruction primaire, afin que, tous ayant les moyens d’apprendre, nul ne soit plus condamné, par sa naissance, à rester plongé toute sa vie dans l’ignorance. Alors, quand ces réformes seront accomplies, quand toutes les intelligences aujourd’hui engourdies pourront se réveiller, il sortira du fond de ces ateliers et de ces campagnes où ils dorment une légion de génies qui, venant se joindre à ceux qui existent déjà, apporteront à l’œuvre de la civilisation leur puissant secours.

II

A côté de cette œuvre sur laquelle il n’est pas besoin d’insister, parce que tout le monde maintenant, sauf certains esprits rétrogrades qui ont peur du mouvement et de la lumière, comprend la nécessité de cette réforme, il y en a une autre dont on s’occupe moins et qui est tout aussi importante.

Jadis, sous Louis XIV, on définissait l’instruction : « l’art de manier et de façonner les esprits ».

Cette définition est encore restée celle du ministère de l’instruction publique. Il ne l’a pas encore changée pour celle que donne Kant : « Développer chaque individu dans toute la perfection dont il est susceptible » ; il n’a pas compris que le développement de toutes les forces et de toutes les énergies individuelles est le but que doit poursuivre la société dans l’éducation. Elle ne peut l’atteindre